La confluence de la rivière Saint‑Maurice avec le fleuve Saint‑Laurent, de renommée internationale, a certes donné un espace tourné vers la pratique d’activités aquatiques, mais pas seulement.
Marquée par des conflits entre puissances européennes et Premières Nations, l’histoire a légué à la région un patrimoine culturel de premier plan, que beaucoup de ses voisines peuvent lui envier.

« Messieurs les Anglais, tirez les premiers ! »
La Mauricie, adossée au Bouclier canadien et ouverte sur la plaine du Saint‑Laurent, terre de passage entre Montréal et Québec, suscita de nombreuses convoitises aux XVIIe et XVIIIe siècles. Elle fut l’objet d’âpres luttes entre couronnes française et britannique en Amérique du Nord, jusqu’au milieu du XVIIIe s.
Des explorateurs et missionnaires, dont Samuel de Champlain, parcourent ces eaux dès le début du XVIIe siècle, et la colonisation s’organise autour des seigneuries. La sidérurgie coloniale des Forges du Saint‑Maurice y voit le jour au XVIIIe siècle.
À la suite de la Conquête, la capitulation de Montréal en 1760 puis le traité de Paris (1763) placent la Nouvelle‑France sous domination britannique.
La région telle qu’on la connaît aujourd’hui s’est structurée aux XIXe et XXe siècles autour des comtés, municipalités et districts judiciaires; au fil des décennies, divers remaniements territoriaux ont affiné ses contours.
Entre deux métropoles d’envergure canadienne
La Mauricie comptait environ 270 000 habitants en 2021, idéalement située entre Montréal et Québec.
La navigation fluviale a progressivement cédé du terrain au rail puis à l’automobile, l’axe de la Transcanadienne (autoroute 40) et l’autoroute 55 irriguant désormais la région.
Contrée forestière dédiée à la nature et aux loisirs, la Mauricie n’est pas totalement dépourvue d’activités industrielles. Les secteurs des pâtes et papiers, de la métallurgie et de l’hydroélectricité y occupent une place notable, avec un tissu entrepreneurial dynamique autour de Shawinigan et Trois‑Rivières.
Forts, bleuets et… sirop d’érable
L’eau joue un rôle majeur en Mauricie. Des centaines de kilomètres de rivières et de plans d’eau aménagés attendent randonneurs, cyclotouristes et cavaliers; le parc national de la Mauricie, les vallées de la Saint‑Maurice et de la Batiscan en sont des terrains de jeu emblématiques. Le Saint‑Laurent, intégré à la Voie maritime du Saint‑Laurent, est complété par un réseau de canaux historiques au Québec et en Ontario, dont le canal Rideau, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Trois‑Rivières en conserve la trace à travers ses sites phares: le Lieu historique national des Forges du Saint‑Maurice, la basilique Notre‑Dame‑du‑Cap, la Vieille prison devenue musée, ou encore les maisons seigneuriales et rues anciennes du centre‑ville.
Le long du Chemin du Roy, se succèdent des paroisses et villages historiques au plan régulier: Champlain, Batiscan, Sainte‑Anne‑de‑la‑Pérade ou encore Deschambault‑Grondines. Les ouvrages militaires ne sont pas en reste, avec les fortifications de Québec à proximité et, plus au sud, les forts Chambly et Lennox, gardiens d’un pan d’histoire nord‑américaine.
Que serait ce terroir, sans saveurs? À consommer avec modération, les cidres et vins québécois — dont le cidre de glace — côtoient un vaste choix de bières de microbrasseries.
Le fameux bleuet du Saguenay–Lac‑Saint‑Jean, la fraise de l’Île d’Orléans et la canneberge du Centre‑du‑Québec sont en plein essor. Les tomates de Leamington jouissent d’une cote toujours appréciable, tandis que les champignons sauvages — morilles et girolles — abondent en saison. Et, emblème gourmand, le sirop d’érable fait la fierté des érablières de la région.